Origins : l’allié des technologies B2C & B2B2C qui veulent marquer les esprits et les marchés

24/09/2025

12 minutes

Dans un paysage où les fonds de capital-risque se multiplient, certains choisissent de faire les choses autrement. Origins, cofondé notamment par Salomon Aiach et Blaise Matuidi, s’inscrit dans cette mouvance en redéfinissant les codes traditionnels de l’investissement. À travers une approche centrée sur les startups « grand public », un réseau d’influence unique et une volonté d’accompagnement mesuré mais efficace, Origins entend bien laisser une empreinte différente dans l’écosystème tech européen et américain. Rencontre avec Salomon Aiach, un ancien de Goldman Sachs & Facebook, cofondateur du fonds, qui revient sur la genèse, la philosophie et les ambitions d’Origins.

Salomon AIACH

Co-founder chez Origins

Origins a été fondé avec une vision particulière du capital-risque. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a motivé à créer ce fonds notamment avec Blaise Matuidi et quelle problématique vous cherchiez à résoudre dans l’écosystème entrepreneurial ?

Salomon : Après plus de dix ans passés aux États-Unis, notamment dans le conseil en stratégie et la banque d’investissement chez Goldman Sachs, je suis revenu à Paris. J’ai ensuite travaillé chez Facebook, où je m’occupais de l’écosystème startups et investissements pour la France.

À ce moment-là, j’ai observé deux choses. La première, c’est que le capital-risque en France était en train de changer. Historiquement, un tour de table de deux ou trois millions d’euros se structurant autour d’un investisseur lead, accompagné de quelques suiveurs. Mais cette logique a évolué. De plus en plus de petits fonds apparaissent. Ils apportent autre chose que du capital. Ils aident les fondateurs à trouver leurs premiers clients, à recruter, à gagner en visibilité.

La deuxième observation concernait les startups « grand public ». Il y avait très peu de fonds positionnés sur ce segment. Pourtant, de nombreuses entreprises B2C ou B2B2C ont besoin de capitaux, mais aussi d’un soutien en marketing, en notoriété, en image.

Nous avons vu une opportunité. Nous voulions créer un fonds capable de répondre à ces besoins. Un fonds qui s’adresse aux entreprises dont l’utilisateur final est un consommateur. Un fonds qui accompagne, non seulement par le capital, mais aussi par l’influence, la visibilité et le réseau. C’est cette vision qui a donné naissance à Origins.

Quelle est l’ADN d’Origins et ce qui vous distingue des autres acteurs du capital-risque sur le marché ? Comment cette singularité se reflète-t-elle dans vos choix d’investissements ?

Salomon : La singularité d’Origins repose d’abord sur une conviction forte : l’argent, seul, ne suffit plus. Tous les fonds peuvent investir. La vraie question, c’est : que pouvez-vous apporter d’unique à une startup en dehors du capital ? Pour nous, la réponse a été très claire : la notoriété de marque.

Grâce à notre réseau de LPs, composé à la fois d’acteurs institutionnels classiques (corporates, family offices, fonds de fonds) et de près d’une cinquantaine de personnalités publiques, nous sommes capables d’offrir à nos participations une visibilité que peu d’autres fonds peuvent promettre. Cette visibilité peut prendre plusieurs formes : un post sur les réseaux sociaux, une mise en avant dans les médias, un simple relais d’opinion à un moment stratégique de la vie de la startup. Ce sont de petites choses qui, cumulées, font une grande différence.

En termes d’ADN, nous restons extrêmement focus sur l’utilisateur final. Nous n’investissons pas dans la deeptech, ni dans les logiciels ultra-techniques, ni dans le hardware industriel. Notre thèse est très claire : nous accompagnons des entreprises qui construisent des produits ou des services à destination du grand public, que ce soit dans la manière dont les gens consomment, travaillent, se divertissent ou interagissent socialement.

Quelles sont les principales valeurs qui guident vos décisions d’investissement chez Origins ? Comment vous assurez-vous que ces valeurs sont respectées tout au long du processus ?

Salomon : Nos décisions d’investissement reposent sur quatre métiers clés : lever des fonds, sourcer les opportunités, remporter les meilleurs deals et accompagner les participations. Chacun de ces piliers s’inscrit dans une logique de respect, de clarté et d’impact.

Nous attachons une grande importance à la transparence dans la relation avec les fondateurs. Le respect du temps et de l’énergie des équipes dirigeantes est fondamental. Cela signifie, par exemple, savoir ne pas être intrusif, ne pas multiplier les demandes inutiles ou les points de contrôle superflus.

Sur le plan de l’accompagnement, nous croyons au « smart silence » : parfois, la meilleure manière d’aider une startup, c’est de ne pas la déranger. Mais lorsqu’elle a besoin de nous, nous devons être le premier appel du fondateur. C’est dans cette relation de confiance et de réactivité que nous cherchons à ancrer nos valeurs.

Enfin, notre orientation 100 % consumer implique une vigilance particulière sur les questions d’impact sociétal. Ce que nous soutenons, c’est ce que des millions de personnes utiliseront au quotidien. Il est donc crucial que les produits et services financés soient porteurs de sens, d’utilité, voire de transformation positive.

En tant qu’investisseurs, comment définissez-vous votre approche de l’accompagnement des start-ups que vous soutenez ? Que faites-vous de spécifique pour aider vos entreprises à scaler ?

Salomon : Nous adoptons une approche que j’appellerais « low touch, high impact ». Cela signifie que nous n’intervenons pas pour intervenir. Notre objectif n’est pas de co-gérer l’entreprise, mais d’être présent au bon moment, pour les bonnes raisons.

Notre accompagnement se manifeste principalement sur trois plans :

Le recrutement stratégique : être là lorsqu’un CEO cherche un CTO, un VP Marketing, un COO. Nous mettons à disposition notre réseau pour faciliter ces recrutements critiques.

Les levées de fonds : notre positionnement « non lead » nous permet de rester discrets dans les premières étapes tout en facilitant la venue de fonds plus importants au tour suivant. Notre présence rassure, crédibilise, sans déséquilibrer la cap table. A ce jour 20% de nos sociétés ont levé un tour suivant grâce à nous et aux introductions faites à des fonds plus late-stage que nous.

La notoriété : c’est un véritable atout. Grâce à la présence de certains LPs influents, nous avons une capacité unique à générer de la visibilité organique pour les entreprises de notre portefeuille, dans les médias ou sur les réseaux.

C’est cet équilibre “ne pas être trop présent mais toujours utile” qui fait notre valeur.

Pouvez-vous nous parler de deux à trois investissements emblématiques d’Origins qui vous ont particulièrement marqué ?

Salomon : Parmi nos investissements emblématiques, jen citerai trois. un en France, un en Allemagne et un aux US.
En France, je citerais d’abord Upway qui est une marketplace de vélos électriques reconditionnés qui fait 200 000 millions d’euros de chiffre d’affaires en 4 ans, une très belle réussite.

Un autre exemple en Allemagne, LAP Coffee , une jeune chaîne de cafés en Allemagne. Nous avons été l’un des premiers investisseurs avec HV Capital. Par la suite, le fonds américain Insight Partners, l’un des plus importants au monde, est entré au capital lors du tour suivant. Cela démontre la qualité de la vision initiale, mais aussi notre capacité à détecter très tôt des signaux forts dans l’exécution.

Un dernier exemple aux États-Unis : Doji . Cette startup utilise l’intelligence artificielle pour aider les gens à trier, choisir, organiser leurs vêtements du quotidien. Nous avons investi très tôt, aux côtés du fonds Seven Seven Six d’Alexis Ohanian, cofondateur de Reddit. Doji vient de lever 14 millions de dollars auprès de Thrive Capital. Ce type de trajectoire valide notre intuition et renforce la crédibilité du fonds à l’international.

Aujourd’hui, sur les 22 startups que nous avons soutenues, 13 ont déjà effectué une levée de fonds suivante. C’est un taux très significatif dans un marché compétitif.

Quelles technologies ou méthodes utilisez-vous aujourd’hui pour optimiser vos processus de sourcing, d’évaluation ou d’accompagnement ?

Salomon : Notre manière de travailler repose sur trois grands leviers complémentaires : la connaissance sectorielle, le réseau, et la donnée. Ce triptyque est essentiel pour rester pertinent dans un écosystème aussi dense et concurrentiel que celui du capital-risque, en particulier sur le segment du « consumer ».

D’abord, il y a la connaissance. C’est pour nous un point de départ fondamental. Nous avons fait le choix stratégique d’être extrêmement spécialisés sur un seul type de startups : celles qui s’adressent directement au consommateur final. Cela inclut aussi bien les modèles B2C que B2B2C. Ce positionnement nous pousse à affiner en permanence notre compréhension des dynamiques propres à ce marché : les tendances de consommation, les évolutions sociétales, les nouveaux comportements d’achat, les mécaniques d’acquisition. Cela nous permet d’être reconnus comme des experts de ce segment. Notre objectif est clair : lorsqu’un entrepreneur européen lance une startup à destination du grand public, il doit immédiatement penser à Origins comme un acteur de référence dans ce domaine.

Ensuite, notre réseau joue un rôle structurant dans notre capacité à identifier des opportunités et à accéder aux meilleurs dossiers. Nous échangeons régulièrement avec d’autres fonds, en particulier ceux qui investissent à des stades plus avancés, mais aussi avec de nombreux fondateurs, anciens ou actuels. Ce réseau est un atout stratégique. Il nous permet non seulement de détecter des signaux faibles, mais aussi d’être invités à participer à des tours de table grâce à la valeur ajoutée que nous apportons. La réputation du fonds repose en grande partie sur cette dynamique relationnelle, que nous entretenons avec beaucoup de soin.

Enfin, la donnée constitue un pilier de plus en plus important dans notre fonctionnement. Nous utilisons plusieurs outils spécialisés pour capter des informations précises et actionnables sur les startups en devenir ou en forte croissance. Cela inclut la détection de fondateurs qui quittent leur entreprise pour en lancer une nouvelle, l’identification de sociétés en « stealth mode », ou encore le suivi d’indicateurs comme l’augmentation soudaine des recrutements. Pour cela, nous nous appuyons sur des plateformes comme Affinity, Specter ou Harmonic. Ces outils nous permettent de repérer des signaux précoces et de prendre position très tôt, parfois avant même qu’une levée de fonds ne soit annoncée publiquement.

Notre approche, mêlant expertise sectorielle pointue, réseau étendu et usage stratégique de la donnée, nous permet d’optimiser l’ensemble de notre chaîne de valeur : du sourcing initial à l’accompagnement post-investissement. Cela nous aide à rester agiles, sélectifs et alignés avec notre thèse d’investissement.

Quelles sont vos ambitions à court et moyen terme pour Origins ?

Salomon : Notre ambition est simple mais exigeante : servir au mieux les entrepreneurs que nous finançons. Cela implique de rester cohérents avec notre positionnement, de ne pas se disperser, de rester fidèles à notre ADN. Nous ne cherchons pas à multiplier les verticales en étant opportunistes sur des tendances de marchés éphémères. Nous voulons être les meilleurs dans notre niche.

À moyen terme, nous continuerons à renforcer notre présence en Europe et aux États-Unis, à professionnaliser encore davantage notre accompagnement, et à faire en sorte que chaque startup que nous soutenons ait les moyens de réussir pleinement.

Dans un monde où le capital est de plus en plus disponible, la vraie valeur se trouve ailleurs. Origins a choisi de miser sur la notoriété, le réseau, la clarté stratégique et une attention sincère portée aux fondateurs. Ni sur-présent, ni absent, le fonds incarne une nouvelle génération d’investisseurs : spécialisés, connectés, utiles. Et si l’avenir du capital-risque passait justement par là ?